sept. 13, 2021 - Minute de lectureMinutes de lecture

Changement de comportement chez l’adulte

Au cours de la série SUNSTAR Conversations PRO, nous abordons les problèmes de santé bucco-dentaire qui sont généralement associés aux étapes de la vie. Chaque mois, nous faisons équipe avec 2 experts du domaine, discutant des développements scientifiques pertinents et identifiant des astuces pouvant être mises en œuvre dans la pratique quotidienne des professionnels de santé. Suite aux conversations sur la grossesse et la santé bucco-dentairela prévention des caries chez les enfantsle traitement orthodontique chez les adolescents et l'hypersensibilité dentinaire chez les jeunes adultes, nous avons atteint l'âge adulte pour notre webinaire de juillet, une étape de la vie pendant laquelle certaines habitudes peuvent être rigides, s'étant établies au cours de plusieurs décennies. 

Contenu

Comment modifier de manière positive un comportement ancré, afin d'améliorer la santé bucco-dentaire et générale ? Le Pr. Timothy Newton et le Dr. Mario Rui Araújo, PhD, deux experts dans le domaine de la psychologie de la santé bucco-dentaire, ont apporté leur éclairage sur ce sujet.

Résultats de l'enquête sur l’expérience en matière de changement de comportement

La conversation a débuté en discutant des résultats d'un sondage préalablement fait auprès des participants au webinaire. La première question « dans quelle mesure vous sentez-vous confiant dans votre capacité à changer le comportement d'un patient » a donné des résultats intéressants. Une majorité de 88 % ont indiqué qu'ils se sentaient confiants ou très confiants quant à leur capacité à modifier le comportement des patients. Un chiffre convaincant, selon le Dr. Araújo et le Dr. Newton. Alors que 50 % ont répondu « plus de 10 minutes » à la question « combien de temps consacrez-vous à chaque visite avec un patient sur son comportement lié à la santé bucco-dentaire ? », l'autre moitié a indiqué moins de 10 minutes. Comme l’indique le Dr. Newton, « pour ceux qui ont 10 minutes ou moins à consacrer, il sera essentiel que vous soyez efficaces pendant cette période. Et pour cela, il est important d'avoir de très bonnes techniques et pratiques fondées sur des preuves que nous allons évoquer ». Pour ceux qui ont plus de temps : « il y aura des choses supplémentaires que vous pourrez faire et peut-être adapter vos interventions à l'individu. Cela pourra prendre un peu plus de temps mais améliorera vraiment votre efficacité ». La dernière question visait à identifier les obstacles qui entravent le changement de comportement. Bien que l'enquête ait révélé un manque de motivation des patients comme principal obstacle, le Dr. Newton pense que ce n'est pas nécessairement un problème du patient lui-même : « Il s’agit plus de trouver la bonne clé pour déverrouiller ces motivations. Le vrai défi est de réfléchir à ce que nous pouvons faire à ce sujet et de réfléchir à notre rôle ». Il catégorise les barrières en trois groupes principaux : la motivation (à la fois du patient et du dentiste) ; les compétences (du patient et du dentiste) ; et les barrières structurelles, telles que l’aspect financier et le manque de temps. Le Dr Araújo acquiesce : « le changement de comportement n'est pas seulement de la responsabilité du patient. Cela dépend aussi beaucoup de la façon dont nous les abordons ».

La clé du changement de comportement en santé bucco-dentaire

Le Dr Araújo commence par définir ce que signifie pour lui le changement de comportement, du point de vue d'un clinicien et d'un enseignant : « Avec tout ce que nous savons sur le contrôle du biofilm dentaire, le microbiome buccal, la relation avec d'autres maladies, les techniques de traitement, les technologies, tout est intimement lié au comportement. Et pour contrôler les comportements, nous devons adopter une approche fondée sur des preuves, et pas seulement nous fier au bon sens. » Le professeur Newton évoque un souvenir personnel pour illustrer son interprétation du changement de comportement. A l'école, il avait du mal avec le concept de recevoir des informations et puis six mois plus tard, de rendre ces mêmes informations, jusqu'à ce que pendant un cours de maths, le professeur dise : « il y a plein de manières de faire les choses, c'est une question de choix ». « Cela m’a instantanément parlé, parce que tout d'un coup il ne s'agissait plus de ce qui était correct ou pas, c'était de réfléchir à la façon dont on voulait résoudre le problème. Il y a plus d'une façon de faire les choses, et différentes approches peuvent être plus ou moins bonnes ou efficaces ». Selon lui, la clé du changement de comportement est « de comprendre où on veut aller, comment y parvenir, puis d'appliquer ces principes de manière créative pour trouver une solution pour ce patient. Il s'agit de trouver LA clé pour débloquer la motivation ou le changement de comportement pour CETTE personne ».

Empathie vs. résolution de problèmes

Deux traits de caractère qui s'opposent sont l'empathie d'un côté et la capacité à résoudre les problèmes de l'autre. Dans le domaine des soins bucco-dentaires, il y a certainement une place - peut-être même un besoin - pour les deux. Dr. Newton : « Il s'agit de comprendre si vous êtes le genre de personne douée pour résoudre les problèmes ou plutôt empathique, ou si vous êtes cette personne incroyablement rare et précieuse qui soit les deux ». Et ce principe d'empathie versus résolution de problèmes ne se limite pas seulement au professionnel de la santé bucco-dentaire, mais aussi au patient : « que recherche votre patient ? Cherche-t-il quelqu’un qui propose une solution rapide, ou qui soit empathique ? » Le Dr Araújo est d'accord : « Nous ne devons jamais oublier le principe de base selon lequel nous traitons des personnes, qui peuvent réagir de manières différentes. Mais c'est là la beauté du jeu, ce n'est pas facile bien sûr, mais c'est ce qui le rend intéressant ».

Profilage du patient pour adapter le traitement

L'une des premières étapes du changement de comportement consiste à dresser le profil du patient devant vous. Le professeur Newton suggère de commencer par une évaluation de base : où en est le patient actuellement et que fait-il ? « La relation avec votre patient doit être le fondement de tout ce que vous faites. Essayez de les comprendre, découvrez ce qu'ils font, ce qu'ils aiment faire en dehors du travail, quelles sont leurs valeurs. Et en termes de santé bucco-dentaire : que veulent-ils vraiment, qu'est-ce qui est vraiment important pour eux ? Est-ce l’esthétique ou la fonction ? » Dr. Newton aime demander aux patients : « Si j'avais une baguette magique et si nous pouvions obtenir ce que vous voulez, à quoi cela ressemblerait-il ? Et curieusement, les patients ont tendance à demander les choses les plus simples et basiques, comme des dents blanches uniformes et belles. Et leur réponse est souvent accompagnée d'un sentiment d'embarras, bien qu'ils aient demandé quelque chose de tout à fait normal. Et c'est votre point de départ, maintenant vous avez une valeur partagée avec votre patient ! À partir de là, vous continuez à poser les questions : « où en êtes-vous maintenant, que faites-vous actuellement et de combien de temps disposez-vous pour cela ? ». Vous pouvez partir de là, leur proposer une liste d'options qui, selon vous, seraient bonnes pour eux, et leur demander : « par laquelle, selon vous, vous serait-il le plus facile de commencer ? » Cela donne au patient l'impression que vous ne lui imposez pas les choses, et qu'il doit tout faire et se souvenir de tout. Et de leur dire : « Nous sommes dans un partenariat à long terme pour que vous obteniez ce que vous voulez et ce que je veux, et je vais voir quel est le moyen le plus efficace d'y arriver ». Prof. Newton ajoute qu'il est important de ne pas porter de jugement dans la relation avec le patient.

Fixation d'objectifs, planification et autosurveillance

Suite à cette exploration de ce que vous et votre patient voulez changer, les prochaines étapes sont : l'établissement d'objectifs, la planification et l'autosurveillance. Dr Newton : « Cela renvoie à ce que j'ai mentionné à propos de mon expérience à l'école. Je dis rarement quoi que ce soit aux gens, je ne donne pas vraiment beaucoup d'informations. Et s'ils en ont besoin, je les oriente vers des vidéos qu'on peut leur montrer, ou les réfère à l'hygiéniste ». Bien que cela puisse sembler controversé, il y a en fait une logique derrière cette approche : « Ce sur quoi je veux me concentrer quand je suis avec un patient, c’est : quand allez-vous regarder la vidéo, quand allez-vous acheter les produits nécessaires, quand allez-vous essayer ? Et puis après la première semaine, nous verrons comment cela s'est passé, voir si nous devons peaufiner le plan, aller de l'avant vers l'objectif. » La raison pour laquelle il se concentre sur l'établissement d'objectifs, la planification et le suivi plutôt que sur la fourniture d'informations est le temps : « si vous n'avez que cinq minutes, faites un plan qui puisse être actionné ». Le but ultime est de transférer les compétences nécessaires aux patients pour suivre ces étapes, afin qu'ils n'aient plus besoin de vous.

Résolution de l'OMS sur la santé bucco-dentaire

Le 27 mai dernier, l'OMS a publié une résolution qui remet la santé bucco-dentaire à l'ordre du jour mondial, avec un accent particulier sur la prévention. Le Dr Araújo sur ce que cela pourrait signifier pour l'avenir de la dentisterie et le rôle que le changement de comportement peut y avoir : « Cela impose une énorme responsabilité à tous les professionnels de la santé bucco-dentaire. Si nous voulons vraiment nous améliorer et avancer, nous devons davantage considérer le changement de comportement, car il est fondamental pour traiter des maladies telles que la parodontite. Et les universités ont un rôle important à jouer en attirant l'attention des étudiants, la nouvelle génération de professionnels de la santé bucco-dentaire, sur la modification du comportement. » Le professeur Newton est tout à fait d'accord : « C'est une grande opportunité de changer notre façon de penser, la façon dont nous prenons soin de la santé bucco-dentaire des gens, et de changer les choses. Nous devons arriver à la perception que toute maladie bucco-dentaire est un échec, et avec cela, tout traitement dentaire autre que la prévention est également un échec. »

Nous, SUNSTAR, célébrons la récente décision de l'OMS alors que nous sensibilisons depuis plus de 30 ans au rôle-clé que joue la santé bucco-dentaire dans le bien-être global. Nous croyons fermement que le moment est venu d'aider les patients à comprendre et à modifier leur comportement envers la santé bucco-dentaire, car cela peut les aider à améliorer leur santé globale et à prévenir le développement de maladies.

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