sept. 22, 2020 - Minute de lectureMinutes de lecture

Halitose : Comment aborder le sujet avec les patients ?

L’halitose est une question sensible et très personnelle que de nombreux professionnels peuvent ne pas aborder par crainte d'être mal prise par les patients. 

Comment pouvons-nous aider au mieux les patients qui souffrent d’halitose ? Plus difficile encore, comment pouvons-nous aider les patients atteints d’halitose sévère et qui ne sont pas au courant ?

Contenu

Le choix des mots

Parler de l’halitose exige du courage et de la confiance en soi. Il y a des choses que vous pouvez faire pour rendre la conversation plus facile.  D’abord et avant tout, faites savoir à votre patient que vous êtes là pour l'aider. Le choix des mots peut également influencer la façon dont la conversation sera perçue. 

De petites astuces peuvent vous aider à rendre votre discussion plus agréable : 

  • Parlez à la première personne et ne généralisez pas : « J’ai l’impression... Il me semble ...". Cela rend la conversation plus personnelle et donne au patient la possibilité d’exprimer son opinion sur le sujet. 
  • Parlez au conditionnel ("pourrait-il être possible que...", "serait-il possible...") 
  • Utilisez des adverbes comme "peut-être" de sorte que les déclarations soient adoucies et semblent moins dures.

Comment aborder le sujet

Une question importante est de savoir qui aborde le sujet : le/la dentiste, l'assistant(e) dentaire ou le/la patient(e) ?

  • Il est bien sûr plus facile si le patient soulève ce sujet sensible en premier. Si cela vient du patient, il y a très peu de danger d’offenser qui que ce soit.
  • La question de l’halitose peut également être intégrée au formulaire de première visite du patient. Cela donne au patient l’occasion de s'auto-évaluer et, s’il soupçonne une mauvaise haleine, il peut en parler lors de la consultation.
  • Une troisiène option est d’aborder le problème directement mais lors d'une consultation distincte, indépendamment de l'examen dentaire. La mise en place d’un rendez-vous séparé vous donnera suffisamment de temps pour discuter de cette question personnelle, et aussi définir les attentes du patient. Avant la consultation sur l’halitose, vous pourriez peut-être demander au patient de remplir un questionnaire afin de mieux comprendre le problème.

Mettre le/la patient(e) à l’aise

Voici quelques recommandations pour aider le patient à se sentir à l’aise tout en discutant de son problème.

  • Placez le fautueil d'oscultation du patient droit de sorte que la conversation ait lieu « au niveau des yeux ». Il est ainsi plus facile d’établir la confiance et de parler ouvertement de sujets délicats.
  • Assurez-vous que la conversation puisse avoir lieu sans être dérangée par les activités de fond et le bruit.
  • Envisagez de commencer par une mesure instrumentale avant de passer à la mesure organoleptique subjective. Ceci fournit des résultats tangibles que le patient peut comprendre, puisqu’ils sont mesurés objectivement.
  • Vous voudrez peut-être commencer la conversation en discutant de la prévention d’un problème plus grand, en plaçant la solution dans les mains du patient. Cette approche est basée sur la vaste expérience d’une dentiste et est écrite dans le magazine "Registered Dental Hygienist" (RDH) [1].  Si la dentiste remarquait une odeur d’haleine, elle disait au patient quelque chose comme : "Monsieur/Madame X, étant au niveau de votre bouche, je remarque une odeur. Mon souci est que cela pourrait affecter votre santé orale et même votre santé générale. Voici quelques conseils que vous pouvez essayer d'appliquer pour prévenir un problème plus important." Elle discutait alors du grattage de la langue, d'un rituel bucco-dentaire complet, des bains de bouche ou de tout ce qu’elle jugeait approprié pour les besoins du patient. On dit alors délicatement au patient que le problème était naissant et qu’il peut le gérer pour éviter qu’il ne se développe. En ce sens, la dentiste évite l’embarras des patients en donnant des conseils.

Conseils et astuces pour les patients atteints de parodontite et de sécheresse buccale

Pour les patients atteints de parodontite et de sécheresse buccale, plus vous en parlez tôt, mieux c'est. Vous pouvez ainsi rassurer vos patients (ou les alerter, si nécessaire) que la prévention est toujours la meilleure solution.

Si le patient a des problèmes parodontaux et n’a pas suivi le traitement, discuter de l'inflammation, de l'infection et de l'effet sur la respiration peut être un puissant facteur de motivation. Expliquez à vos patients que la source du problème doit être abordée et que rien ne pourra parfaitement masquer l'odeur d'une véritable infection.

Pour les patients souffrant de sécheresse buccale et de mauvaise haleine, résultant de la prise de certains médicaments, une option peut être de « pointer du doigt » ces médicaments, et de faire équipe avec votre patient pour l'aider à résoudre le problème. La découverte de médicaments et de traitements médicaux peut avoir lieu lors d’une mise à jour des antécédents médicaux, avant même l’oscultation de sa bouche. Avec cette approche, vous pouvez suggérer hypothétiquement qu'il peut y avoir un problème à vérifier, plutôt que de réagir à une bouche qui a été présentée. Ceci peut être mieux reçu par les patients.

En résumé

Afin d’assurer à la fois le succès thérapeutique et la satisfaction des patients, il est important que les professionnels de santé abordent l'halitose de manière confiante et ouverte. Mettez le patient à l'aise et faites-lui savoir que le problème est sous son contrôle et qu'il est gérable. Le cas échéant, encourager l'observance du patient en soulignant l'importance de la prévention et du traitement précoce.

Enfin, rassurez vos patients sur le fait que l’halitose n’est pas un cas isolé, mais un problème courant touchant 30% des patients ou plus [2]. Si vous prenez des mesures, indiquez clairement que la mesure de l'halitose se fait via une procédure clairement normalisée.

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